Beaucoup d’encre a coulé sur « l’anorexie mentale »,  pour écrire des choses souvent justes, et pourtant un analyste ne parlera pas de « l’anorexique ».

Il y a DES jeunes filles qui présentent ce symptôme, une par une. Chaque jeune fille a son histoire singulière, ce qui signifie qu’elle ex-siste en dehors des généralités.

Avant de rencontrer un(e) psychanalyste, elle ne le sait pas encore, tout du moins pas consciemment , mais tout en elle proteste pour faire faire entendre « sa » vérité, qui tombe dans l’oreille de sourds…

Ce qu’on ne peut pas dire avec des mots, il arrive qu’on le montre.

Les jeunes filles anorexiques doivent parfois aller très loin dans l’amaigrissement avant que leur entourage ne réagisse.

Aucun symptôme ne suscite autant d’incompréhension de la part de la famille comme des soignants : pourquoi mettre sa vie en péril avec autant d’obstination, alors qu’on semble « avoir tout pour être heureuse »?

Question essentielle, car elle nous amène à aller vraiment au fond de ce qui fait un être humain. Un être humain qui soit nourri d’autre chose que de nourriture, qui soit nourri autrement qu’en fonction de ses besoins…

Au moment de sa rencontre avec l’analyste, une jeune fille anorexique n’est  pas encore en mesure de dire que, par son refus de satisfaire aux besoins physiologiques de son corps, elle désigne « en creux » l’absence d’une catégorie tout aussi essentielle à l’être humain, celle du désir.

Plus la cure lui permettra de prendre appui sur ses propres mots pour rendre sa quête signifiante, moins elle se trouvera dans la nécessité d’en apporter la démonstration.